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Jeanne Crépeau naît
à Montréal entre
l’élection du président Kennedy et
l’érection du mur de Berlin.
Son père, Jean-Baptiste, est un avocat du Plateau Mont-Royal devenu député
dans l’équipe de Jean
Lesage. Sa mère, Paulette, est femme
au foyer, ce qui la repose d’avoir eu douze
frères et soeurs.
Après quelques années d’une enfance
agréable, Jeanne Crépeau
déménage, avec sa famille, en
banlieue. Des journées entières
passées au centre commercial «Carrefour
Laval» composent un temps perdu dont
il serait très difficile de tirer une
oeuvre littéraire.
L’été de ses seize ans, elle
travaille en usine. C’est le choc: elle comprend
l’origine profonde du blues grâce aux
somptueuses ouvrières noires qui, sur le
rythme de leurs gestes
répétés, chantent et, ainsi,
rendent à toutes leurs camarades, le
travail moins pénible.
À dix sept ans, elle est engagée
comme ouvreuse au Planétarium,
ce qui offre le double avantage de lui apporter
quelques notions d’astronomie et
l’indépendance financière lui
permettant bientôt de quitter la maison.
Il y aura ensuite, un long voyage en Europe, sac
au dos, des études collégiales en
pointillé, un militantisme de terrain avec
de nombreux groupes écologistes comme le Monde
à bicyclette et l’Alliance tournesol.
En 1979, elle participe à une
émission de Radio
Centre-ville sur l’écologie urbaine
«Frappez fort, la sonnette ne fonctionne
pas» et se découvre une passion pour
ce médium. À 23 ans elle entre
en Communications à l’Université du
Québec à Montréal dans le but
d’avoir le diplôme nécessaire et d’en
faire son métier.
Elle en sortira cinéaste, sans
diplôme.
Entretemps, elle a travaillé avec
Rock&Belles Oreilles, co-réalisé
un court métrage, fait un séjour en
France, et passé six mois au Studio D de l’Office
national du film.
Quelques heures après avoir
été engagée comme stagiaire
par l’assistant-réalisateur, en
préparation du film «Un zoo, la
nuit», elle rencontre, tout-à-fait
par hasard, Jean-Claude Lauzon dans une pizzeria
de la rue Dante.
L’année suivante elle est de nouveau
stagiaire, cette fois avec Francis Mankiewicz puis
avec Léa Pool.
En 1988, Jeanne Crépeau rassemble une
douzaine de camarades d’horizons divers autour de
l’idée d’une maison commune de production
de cinéma et fonde avec Manon Briand, Benoit Pilon et quelques autres, Les
films de l’autre. Peu à peu, le
collectif s’impose comme un des repères de
la production indépendante
québécoise.
L’année suivante, elle séjourne
à Berlin, Bruxelles et Paris, puis à
Toronto au tout nouveau Canadian Film Center de
Norman Jewison. Elle maîtrise
désormais l’art de tenir à la main
un verre de vin, des petits canapés et une
cigarette, tout en même temps.
En 1990, chez Parlimage,
elle apprend à ne pas croiser l’axe de
tournage avec le grand Michel Brault, puis passe
l’été à la FEMIS puis sur
le tournage de «Nuit et Jour» de
Chantal Akerman où elle apprend à
contourner astucieusement les problèmes
d’axe.
L’année suivante elle fait son dernier
tournage en tant que stagiaire à la
réalisation avec Jacques Doillon où
elle a l’occasion de faire répéter
son texte à Thomas Langmann et servir du
café à Charlotte Gainsbourg.
En 2005, elle obtient finalement un diplôme
de la Sorbonne
Nouvelle.
Bref, depuis 1985, Jeanne Crépeau explore
les différents genres, types et formats du
cinéma. De l’installation vidéo au
film d’animation en passant par le documentaire et
la fiction, son parcours éclectique et
singulier lui a permis de développer un
style personnel empreint d’humour.
Depuis 1993, seule à la barre de boxfilm,
elle développe, produit, réalise et
diffuse des films et des créations audio
indépendants, dans un monde de moins en
moins porté sur les expériences
culturelles marginales et n’en revient quand
même juste pas d’avoir survécu à peu près indemne, pour fêter
le vingtième anniversaire de la compagnie.
Avant 2030, elle s’inscrira probablement à
un stage
de mécanique.
Jeanne Crépeau trouve qu’écrire sa
biographie à la troisième personne
est un exercice saugrenu mais probablement
nécessaire.
Mais si vous
préférez, il y a aussi le
traditionnel cv
crédits photos:
1. 1963 photomaton
2. © 1989 Pierre Lavigne
3. © 1990 Hélène
Bamberger
4. © 2012 Linda Dawn Hammond
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